Démarche artistique
Ma peinture se concentre sur la présence.
Parce qu’à force de viser plus, mieux ou ailleurs, on en oublie de voir ce qui nous entoure. On apprend à désirer un idéal plutôt qu’à s’accorder à ce que l’on a déjà.
Mon travail cherche à révéler la puissance du présent, quand les êtres – humains, objets ou lieux – s’inscrivent naturellement dans l’instant, sans chercher à le contraindre. J’observe ces accords invisibles, ces moments de justesse où la vie circule et rayonne sans effort.
Je les célèbre par la couleur, je fais vibrer leurs silhouettes par des couches de matière brutes, et j’invite à les regarder d’un œil tendre, en cadrant mes toiles à hauteur de spectateur.C’est par la peinture que je donne forme à ces instants de lien silencieux, où chaque présence – familière ou anonyme – s’ajuste au monde sans le dominer.
Ce rapport à la peinture est un rapport d’acceptation : une façon d’héroïser son environnement pour mieux habiter sa vie.
Biographie
« Peindre, c’est habiter sa vie »
Née à Rennes puis formée à l’EM Lyon, Clerwie Frin (1999) troque rapidement les exigences de performance propres à son parcours pour une présence attentive au réel. Marquée par le rythme parisien effréné et le décès de son père, elle mesure l’importance de chérir ce que l’on a déjà : habiter sa vie, s’ancrer dans ce qui en fait partie plutôt que courir après ce que l’on idéalise ou croit manquer. De retour en Bretagne, où elle installe son atelier à Saint-Malo, cet impératif de présence à ce qui nous entoure oriente désormais sa pratique picturale.
Chaque impératif du quotidien est pour elle un prétexte à observer et photographier ces scènes banalisées qui tissent nos vies. De retour à l’atelier, Clerwie isole les détails saillants, choisit une palette restreinte et construit la toile sans esquisse préalable. Elle superpose des couches brutes de peinture à l’huile pour créer ses contours contrastants et dont la matière permet des reflets plus importants.
Ses influences convergent toutes vers un regard sans jugement : Gustave Caillebotte pour son choix de peindre ce qu’il a sous les yeux – la simple réalité disponible, sans hiérarchie sociale ; Paul Signac pour cette éloquence chromatique qui fait parler l’atmosphère plus que le motif ; Edward Hopper pour sa capacité à inscrire un sujet dans son environnement brut, sans rien retrancher.
En 2024, son portrait Allegria est reproduit dans plusieurs magasins Franprix dans le cadre du projet La Galerie Voisine, qui invite l’art dans les lieux de passage du quotidien. Deux ans auparavant, elle organisait une levée de fonds caritative au profit de la Ligue contre le cancer du Finistère en mettant une commande en jeu. En 2025, elle participe à plusieurs expositions, dont une exposition collective Ce qui nous lie au Centre Brancion (Paris) et une exposition personnelle à la Galerie Loereg (Saint-Malo), intitulée Intra Muros.
Aujourd’hui, Clerwie développe deux séries centrées sur la présence – Ode au présent et Présences silencieuses – qui partagent la même conviction : célébrer l’accord discret entre êtres, lieux et temps.